Je suis une mère sans bébé, le difficile retour à la maison.
J'ai accouché dimanche 6 avril à Saint-Cloud, Céleste est né à 15h30.
Un minuscule petit garçon sans aucun défaut, si ce n'est que son petit coeur s'est arrêté de battre. Nous l'avons finalement fait inscrire sur le livret de famille et nous lui avons donné un prénom. Cet enfant est né d'un vrai accouchement, il méritait qu'on scelle son furtif passage parmi nous.
Quel drôle de moment que celui de devoir donner un prénom à un enfant dont on sait qu'il ne vivra pas. J'avais en tête un prénom depuis très longtemps, bien avant #BB1-l'Adoleschiante, un joli prénom de garçon que nous n'avons pas pu donner à BB2#Le-Schtroumpf-grognon, ni à #BB3-le-Pisseur-en-chef parce qu'il est totalement incompatible avec notre nom de famille. J'ai toujours dit à #Monsieur-40-ans "un jour je te divorcerai comme ça je pourrai donner ce prénom à mon fils". (je précise que ça nous fait marrer).
Et bien finalement #Monsieur-40-ans n'a pas voulu, il m'a dit "je me fiche maintenant que ce prénom qu'on aime soit incompatible, si un jour nous avons la chance d'avoir un autre fils, nous l'appelerons avec ce prénom que nous nous sommes refusés". Nous avons un autre prénom de garçon comme cela que nous n'avions pas osé donner parce que sa signification est spéciale. Mais on a donc choisi encore un autre prénom, Céleste. Grâce à lui nous ne nous interdirons plus rien :)
Je ne pensais pas que le retour à la maison serait aussi cruel. Pas à ce point là.
Le constat est que nous sommes bien seuls.
La réalité est là, il faut faire à manger, gérer les activités des enfants, les amener aux rdv médicaux pris depuis une éternité .
L'Adoleschiante est toujours très malade depuis la nuit de dimanche et nous ne savons pas vraimentce qu'elle a; il faudrait qu'elle passe une radio et une échographie cardiaque; ce n'est pas dans mes cordes, je n'arrive plus à avaler quoi que ce soit, alors décrocher mon téléphone et lutter pour obtenir un rdv en urgence chez un cardio pédiatre ... Je suppose qu'elle nous fait une réaction à tout ça mais ça ajoute du grain de sable dans un rouage déjà grippé. Elle ira sans doute mieux quand j'irai mieux, être malade lui permet de rester à la maison et de veiller sur moi je pense. Moi je préfèrerai qu'elle pète la forme mais j'ai bien intégré qu'il y a des choses pour lequelles on ne décide pas.
#Monsieur-40-ans gère tout mais je sais que c'est infernal pour lui, 3 enfants dont 1 malade c'est un boulot d'enfer quand on est seul. Et qu'on doit aller bosser.
Moi j'en veux un peu à tous ces gens que j'ai aidés, toutes ces amies, ces heures passées au téléphone, et la famille ?! tout ceux qui sont là quand tu accouches d'un bébé vivant.
Et bien quand tu accouches d'un bébé mort, il n'y a plus personne concrètement .Pas de visites, pas de fleurs, pas d'aide.
Il faut tout se taper tout seul, même quand on se noie dans son chagrin.
C'est la double-peine.
Remarquez, j'ai fait un peu pareil quand c'est arrivé à Sandra, Claudia ou Sophie, je crois qu'on ne réalise pas tant qu'on n'y a pas été confronté de près.
Heureusement il me reste tous ces petits et grands mots reçus sur le blog, FB, mails, Sms etc. Certains messages m'ont émue aux larmes, aussi bien de gens que je connais très bien et depuis longtemps, que d'inconnus qui ont livré un bout de leur dfficile histoire à eux ou qui sont passés pour un soutien.
Je n'ai pas que des bleus à l'âme, j'ai des bleus sur le corps, j'ai encore très mal au dos, je ne peux rester allongée que sur le côté; j'ai encore du mal à rester debout longtemps, sans doute parce que ma tension n'a pas du beaucoup remonter depuis la sortie , et parce que je n'ai pas du tout le goût pour la nourriture . C'est complètement hallucinant, en plein régime j'aurais prié des jours pour ressentir ça mais là je n ai rien demandé, j'avais pourtant mangé un peu et volontiers le lendemain de l'accouchement. Je pense que c'est un effet secondaire du médicament anti-douleur qui m'a été prescrit à la sortie , je ne ressens plus la sensation de faim.
J'irai chez le docteur en fin de semaine pour le faire changer, dommage car c'est un anti-douleur non opiacé et donc il ne m'assomme pas du tout, et je suis déjà assommée comme ça. En attendant je ne mange plus, ça rend #monsieur-40-ans complètement dingue. Mais entre la douleur du dos et manger, j'ai choisi, je sais que la douleur physique va rapidement s'atténuer.
Je rebois aussi volontiers du thé et du café, signe que les hormones de grossesse sont en train de battre en retraite. Il faut du temps.
Ce qui est dur aussi, ce sont tous ces papiers à envoyer partout. C'est encore plus compliqué de gérer la paperasse d'un bébé qui n'a pas vécu que d'un bébé vivant. #Monsieur-40-ans s'en occupe au moins 1h par jour: sécu, mutuelle, caf , sans compter que c'est la 1ère fois que je suis affiliée au Régime Social des Indépendants , c'est d'un compliqué...
J'espérais que ces contraintes me sortiraient la tête de l'eau, c'est tout le contraire en fait.
Heureusement je crois que ma mère est arrivée à se libérer et va venir quelques jours, et Camille a proposer de passer aujourd'hui, ce que j'ai accepté avec plaisir.
La prochaine étape à franchir: l'anniversaire demain, j'ai prévenu #Monsieur-40-ans que je ne lirai que les SMS si j'en ai, je ne veux pas qu'on me souhaite un "bon" anniversaire, ça n'a pas de sens. Rien de tout cela n'a de sens de toutes les façons.
Envoyé de mon iPhone
PS: merci à MummyLittleG pour ce lien pour l'entourage: http://www.petiteemilie.org/conseil-a-l-entourage