L'enfer du diabète gestationnel
Le diabète gestionnel, c'est le truc auquel on fait vaguement attention tant que cela ne nous concerne pas. Pour faire simple, le diabète gestationnel est un diabète qui se déclare pendant la grossesse, plutôt vers le 5ème mois. On le dépiste via un test de glycémie, après absorption d'une bouteille de glucose (avant c'était 50g, l'ancien test O'Sullivan et maintenant c'est 75g, le test HGPO).
On mesure ensuite la glycémie à jeun, à 1h et à 2h. Bref, on perd sa matinée dans un labo et on ressort avec le bras comme un gruyère, vraiment sympa comme moment.
On dit que si une seule des valeurs est supérieure aux normes, alors un diabète gestationnel est diagnostiqué. Le corps a du mal a réguler le sucre, il y en a tantôt trop, tantôt pas assez.
Mon taux à 1h n'était pas bon, au dessus des normes et donc me voilà mise dans la case diabète gestationnel. Comme si on n'avait pas assez d'inquiétude pour cette grossesse et comme si on n'allait pas me foutre un peu la paix. Bon d'un autre côté je n'en veux pas aux toubibs de faire leur travail. Mais concrêtement, c'est super super chiant:
1. La structure des repas est contraignante
=>plus de dessert. Zéro, nada, RIEN. Le fruit se mange en collation 2h après le petit-dej ou le dej. Bon, dans les faits, je mange assez souvent un bol de framboises avec du miel d'acacia (qui a un index glycémique bas) sans que cela change la face du monde, c'est difficile de finir un repas sans une touche de sucre.
=>un max de légumes. Les repas 100% pâtes au beurre avec une tranche de jambon, c'est fini. Il faut que je mange 30 à 50% de légumes. En plein hiver c'est vraiment très contraignant car il y a peu de choix et évidemment ne sont pas autorisés les pommes de terre et de nombreux légumes racine. (enfin si, la pomme de terre est autorisé mais bonjour l'index glycémique, si c'est pour finir avec de l'insuline dans le bide, je préfère m'en passer...). Du coup je me rabats pas mal sur les surgelés, c'est pratique, ça se prépare vite.
=>des féculents de qualité. On oublie le pain blanc, les pâtes blanches,et les pommes de terre. Je choisis des féculents de type intégral (pas complet hein, in-té-gral, assez raidos à manger), ou bien alors des féculents qui ont un IG bas ou modéré (lentilles, haricots, spaghettis al dente, riz basmati, vermicelles al dente etc.)
=>des protéines pour se rassasier. J'aime bien les repas sans viande, on n'en mange pas tant que ça mais là, clairement, plus possible de m'en passer car sinon j'ai trop rapidement faim derrière.
2. une journée à l'hôpital pour faire connaissance avec le diabète
Bon, ça c'était plutôt pas si mal. Il faut se piquer 6 jours par jour pour contrôler le taux de sucre dans le sang. En bonne piqurophobe, c'était inenvisageable pour moi. C'est justement ce que l'on voit à l'hôpital: ça ne fait pas mal du tout en réalité.
Après, je vous fais grâce du discours de la diététicienne, en provenance directe des années 80: les sucres rapides c'est le mal contrairement aux sucres lents etc. On ne vous parle pas du tout de concepts beaucoup plus intéressants et tellement moins restrictifs comme les index glycémiques des aliments.
La diet m'a recommandé de limiter ma consommation de lentilles, de quinoa (mais bien sûr...). Interdiction de manger du miel, (même le mel d'acacia qui à un IG32). Bref, le concept des index glycémiques, connais pas. Si elle savait la quantité de chocolat noir que je m'enfile, sans aucune modification sur ma glycémie...
Et la livraison du plateau du midi était limite drôle: pain blanc ultra industriel, pâtes blanches over-cuites et légumes rationnés en demie-portion. Evidemment après leur repas pourri, ma glycémie n'était pas bonne mais je ne mange plus du tout ce genre d'aliments depuis 2 mois/
3. pourquoi c'est l'enfer en définitive
J'ai l'impression de ne pouvoir plus rien manger. Je dois contrôler ma glycémie avant de manger et 2h après, même quand j'ai pas envie, même quand je voudrais juste manger. Je n'ai pas trop envie de truc sucré mais quand même, des fêtes de Noël sans bûche, une Epiphanie sans brioche des rois et une St Valentin sans fondant au chocolat, ben ce n'est pas pareil.
Je dois ajouter à la longue liste des trucs qu'on ne peut pas manger les aliments à IG élevés et donc les trucs sucrés. Comme si c'était déjà pas assez chiant de ne pas pouvoir manger de sushis, de viande et de poissons crus, les trucs fumés, le fois gras, les fromages qui puent,les charcuteries et j'en passe. Et ne tentez pas de me convaincre que le contraire est possible, quand on vit une mort in utero, on a moyennement envie de prendre le moindre risque. Mais c'est pénible.
Je ne peux jamais manger comme mon entourage. Faut toujours faire des chichis. Sans compter le pb avec le lactose qui exclu toute forme de plat avec de la crème. Je suis passée de la nourriture-plaisir à la nourriture comme on mettrait de l'essence dans une bagnole. Faut le faire mais pour le plaisir on repassera.
Vous me direz: rho ça va, ce n'est que quelques mois, ça va bientôt finir. Oui et bien quand on le vit au quotidien c'est extrêmement pénible.
C'est contraignant pour le boulot aussi car avec le blog de cuisine, j'ai beaucoup d'activités qui tournent autour du sucré. Je vais donc aux ateliers de cuisine sans pouvoir goûter la moitié des trucs, je créée des recettes mais je peux à peine les goûter etc. Je renonce parfois à certains events qui sont articulés 100% autour de testing sucré. Je vais parfois à d'autres quand ce sont de super chefs avec qui je peux parler sans manger mais globalement, une patissière qui a du diabète, c'est le comble.
Toute la journée est rythmée par les contrôles. Manger, attendre 2h, contrôler, re-manger, re-attendre 2h, re-contrôler etc.
4. les bénéfices
Le seul bénéfice réel enceinte, c'est sur la prise de poids. Je suis à 33SA et je n'ai pas pris un gramme depuis 25SA, voire, j'ai perdu du poids.
Le bénéfice aussi, c'est que lors du passage à l'hôpital, l'interniste a fait re-contrôler certains paramètres et on a découvert à cette occasion que j'ai une très sérieuse anémie. Un taux de ferritine tellement bas qu'il n'est pas précisémment mesuré ( inférieur à 5) et un fer sérique catastrophique, hématocrite et hémoglobine pas bonne, transferrine augmentée etc.
Ca fait plus de 2 mois que je me plains d'être morte de fatigue et qu'on me répond que c'est normal car je suis enceinte (le genre de truc qui me gonfle...) . Sauf que je n'ai jamais été fatiguée à ce point là. Et miracle, après plus d'une semaine de compléments, j'ai retrouvé ma pêche d'avant. Je pète à nouveau la forme. Et je n'ai plus aucun des symptomes de l'anémie (essouflement, palpitations, commissure des lèvres tailladées, peau sèche, bourdonnements, maux de tête etc.).
Et histoire que le serpent se morde bien la queue, c'est peut-être même cette anémie qui pourrait être à l'origine du diabète, avec peut-être les corticoïdes que je prends depuis juin...
La prochaine étape c'est de savoir si je dois me piquer à l'insuline ou pas. Ca c'est même pas en rêve, je peux surmonter ma phobie des piqures pour une goutte de sang qui ne fait pas mal à prélever, mais l'aiguille que tu t'envoies dans le ventre, ne comptez pas sur moi, j'aurais fugué loin !
credit photo n°1: photo-libre